Rappel : nous en sommes au 19 juin ; c’est notre 6è jour aux Etats-Unis, en amoureux.
Précision : j’ai omis de vous dire que Luci nous a laissé un de ses téléphone portable (cellphone), pour nous permettre de passer tous les coups de fil nécessaires au bon déroulement de notre séjour.
Démenti : Non nous ne sommes pas des parents indignes. Je ne vous ai même pas dit que dimanche après-midi, nous avions appelé les enfants ! Ils vont très bien et nous ne leur manquons pas !!
Secret : Et il y a d’autres choses que je ne vous ai pas dites, et que je garderai privée… hi hi hi
Nous redescendons de l’ESB (pas le virus JJ !), assez contents, mais aussi un peu crevés. C’est qu’entre le réveil de bonne heure, la route, la marche, l’excitation et le vent, j’ai oublié de dire qu’il y avait pas mal de vent là-haut, on commence à sentir le poids des années un peu de fatigue. Nous arrivons à notre prochaine halte ; description du tableau :
Nous pourrions nous sentir écrasés par tous ces immenses bâtiments de béton et de verre qui nous entourent, mais il n’en est rien, car les rues de New York sont savamment ponctuées de petits parcs, squares, aires de jeu pour enfants, petites fontaines, places avec quelques bancs…Voici justement, devant nous, une assez grande étendue verte, entourée d’arbres sous lesquels des gens se prélassent sur les bancs ou les chaises. À notre passage, je suis émerveillée de constater que je suis suivie par un gros écureuil, et qu’il paraît apprécier de se faire prendre en photo. Et lorsque je lève les yeux, je m’aperçois, le sourire béat, que mon petit compagnon a tout plein de copains qui chahutent çà et là dans la pelouse.
Il fait très beau, bien chaud, et beaucoup de gens sont allongés dans l’herbe, en train de lire, de dormir, de discuter, de travailler, de se faire un câlin. Je souris au son de chants africains fredonnés par de grosses mamas noires, assises sur des couvertures, câlinant de blonds bambins qu’elles ont sorti de la poussette je ne sais depuis combien de temps. Il règne une atmosphère tellement apaisante ici, que nous décidons de nous poser à notre tour parmi tous ces gens hétéroclites. Cédric s’allonge, et ne tarde pas à s’endormir. Moi je sors mon lot de cartes postales (j’en ai acheté d’autres au fait, des bien plus récentes et jolies), ma liste de destinataires, et je me mets à l’ouvrage.
Oui oui Flo, j’étais assise là pour écrire votre carte 🙂
Oui pour toi aussi Guille.
Et oui Jackie, toi aussi.
Et d’autres… (qui vont être jaloux de ne pas être cités…)
Nous restons là un sacré moment ; je laisse Cédric dormir. Et mes pieds se reposer aussi. C’est que ce soir, nous avons prévu de faire la fête, d’aller danser, de voir un peu ce que donnent les noctambules new yorkais ! Ouais mon pote !
Aller, il est temps de décoller, il est quasiment 4pm. Au fait, le cellphone n’a pas de réseau ici, ce qui fait qu’à chaque cabine téléphonique, nous appelons une personne (canadienne) qui loue des chambres dans Harlem. C’est le routard qui la recommande pour les personnes qui n’ont pas trop les moyens de se payer l’hôtel… Mais on n’a pas encore réussi à l’avoir. Je la nommerai G. dans ce blog.
Nous marchons, encore et encore, moi je commence un peu à saturer. C’est bien de voir New York, mais bon, mes pieds ne sentent pas… la différence avec une autre ville après tout ! Il est près de 5pm, encore un essai pour la chambre et c’est le bon. Mais il faut y être avant 7pm, et c’est complètement à l’opposé de là où nous nous dirigeons. C’est loin. Plusieurs correspondances de métro…
Oui mais c’est-à-dire que… mon chéri a une idée bien précise de où il veut aller et de ce qu’il veut voir. Alors tant pis, on continue et je croise les doigts pour qu’on ait le temps d’arriver à Harlem avant 7 heures. Et ça y est. On y arrive. On est dans SoHo ( = SOuth of HOuston), et mon chéri est super content. Nous nous trouvons au pied d’un joli bâtiment ancien, qui fut le relais postal il y a fort longtemps. Et désormais, c’est… tu devines ? OUI, un apple store !!!!
Bon c’est très joli de dehors, et c’est bien chouette à l’intérieur. Je relève mes mails… Et on sort.
Aller go go go ! Marche. Métro. C’est celui-là ? Oui je crois. On tourne. On hésite. On se prend un peu la tête avec le type du guichet. Métro. Marche. Marche. Mal aux pieds. Stress. Heure qui tourne. Marche. Téléphone pour prévenir du retard. Personne ne répond. On arrive !
Mais… personne. On attend. Ahhhh reposer les petons. Nous sommes les seuls blancs (oui oh ça va hein) à des kilomètres à la ronde 😀 Tout y est, comme dans les films. Des enfants jouent à la corde à sauter sur le trottoir, près d’une bouche incendie. Pour compléter parfaitement le tableau, il faudrait qu’elle soit cassée et qu’en jaillisse une grande gerbe d’eau…
Toujours pas de G. Réveiller les petons pour trouver une cabine. Ah ça y est, elle répond. Elle arrive. Suspense.
La voilà. Mais en fait, c’est pas là qu’on va loger. Il faut marcher (arrrghhhh) pour enfin découvrir ce que nous nous apprêtons à payer pas cher du tout, à savoir 70$ pour le strict minimum (environ 55 € à ce moment-là). On parle un peu. G. parle français avec un fort accent et des expressions bien particulières. Elle nous dit qu’elle est canadienne française, on lui répond « ah, québecoise » et là, apparemment, on la vexe ! Non non pas québécoise, c’est pas de son âge qu’elle nous dit ! Hum. On n’insiste pas.
Et voilà notre zéro étoile :
Porte un peu bloquée et grinçante , entrée étroite donnant sur un vieil escalier plus que bruyant
et à chaque étage, une table avec une vieille lampe éclairée, 1 minuscule WC, parfois un pauvre rideau de douche offrant un brin d’intimité pour 2 emplacements douche, trois ou quatre portes de chambres. Bon en fait, au deuxième, il y a ce que notre hôte nous présente comme étant une cuisine (oui c’est vrai, on dirait bien un frigo le petit truc là. Et puis c’est pas une bouilloire électrique ce machin ?) Et elle nous fait asseoir dans la pièce commune à tout le monde. Mon dieu que tout est vieux, laid, usé et triste !! Aller, G. fait sortir la femme d’affaire qui dort en elle, nous demande combien de nuits nous comptons passer ici (deux), nous dit que ça fait 70 dollars par nuit, payables d’avance, avec 30 dollars de caution, pas de petit déjeuner, et elle nous demande « un morceau d’identité ». Là, je retiens l’éclat de rire. Ne pas sourire, ne pas sourire ! Il ne s’agit pas de la vexer une deuxième fois ! Je lui donne ma carte d’identité, elle écrit des trucs dans son grand cahier de tenancière. Dans l’espèce d’alcôve, une résidente longue durée regarde une sitcom sur le vieux poste de télé. L’hôte nous la présente en nous disant qu’elle sait parler français. Un bref hello timide de part et d’autre, et elle retourne aux rires factices du poste. G. regarde Cédric et lui ordonne « vous aussi, un morceau d’identité ! ». Ne pas regarder Cédric, surtout pas. Mon dieu que cette situation est loufoque ! Mais dans quoi on a atterri ! On n’a pas encore vu notre chambre, mais je suis tout à coup partagée entre la curiosité et la peur. Le rire et le regret. La lassitude et l’envie aigüe de déguerpir d’ici vite fait. Mais trop tard, G. a fini de recopier la tranche d’identité 😀 de Ced et nous annonce qu’il faut payer. Je sors 70 dollars en petites coupures, je n’en ai pas un de plus. Ced non plus. Bon, elle accepte qu’on ne lui donne la caution et la deuxième nuit que le lendemain, sort une p-tain de liasse de billets de sa poche, retire la pince qui les tient bien blottis les uns contre les autres, et range leurs nouveaux compagnons qui n’ont été miens que trop peu de temps avec. Puis elle nous donne les clés, me répond qu’elle n’a pas de serviette de toilette à nous passer mais on peut en acheter des pas chères pas loin d’ici, nous informe qu’on rentre bien à l’heure qu’on veut mais qu’il faut être prudents dehors et discrets dedans, et que notre chambre est au dernier étage (au quatrième). C’est parti.
ça grince vachement.
Clé introduite dans la serrure. Porte (grinçante aussi évidemment) qui s’ouvre. Vue… glauque. Pas d’autres mots. 2 lits superposés. De vieux draps dépareillés, rapés, presque transparents ; des couvertures peluchantes, faisant aussi office de dessus de lit, à la couleur indefinie, si on peut appeler ça une couleur (d’ailleurs, sont-ce des restes de motifs ou bien des taches dessus ?) ; des oreillers à la forme indescriptible, j’imagine un rembourrage fait de vieux bas de mamies… une grande fenêtre guillotine qui ne tient ni fermée ni ouverte (ouais, bizarre je sais), et une vue pas vraiment gaie, et le typique escalier de secours (ça, ça me plaît) où il est interdit de se mettre pour fumer, mais franchement, vu l’état de délabrement, faudrait être fou ou avoir déjà fumé 5-6 pétards pour oser s’y installer ! C’est… encore une fois : glauque à souhait. Mais en fait, c’est vraiment cool aussi, parce que quand on y pense, on voit vraiment les choses vraies, telles qu’elles sont, et non pas telles qu’elle sont faites pour les touristes. Les films, une fois de plus, ne carricaturent pas, on y est. Ouais, c’est cool 🙂